De 2002 à 2007, la Caisse faisait aussi partie des meilleurs gestionnaires au Canada, mais en prenant des risques importants avec les nouveaux produits financiers de l’époque, notamment les tristement célèbres PCAA ou papiers commerciaux adossés à des actifs. Rappel et explications.
Quand vous achetez des meubles chez un marchand qui vous dit que vous ne paierez rien avant 24 ou 36 mois, que fait-il, lui, pour payer les meubles qu’il doit acheter chaque semaine ou chaque mois, afin de poursuivre ses opérations? Il se tourne tout simplement vers une institution financière, et lui vend le contrat que vous venez de signer avec lui; et c’est cette institution qui supporte ce crédit, moyennant des frais d’administration et d’intérêt, bien entendu. Même chose pour l’auto que vous achetez à crédit.
Même chose encore pour les hypothèques qui servent à financer l’achat des maisons. Les banques peuvent en financer elles-mêmes une partie, mais elles peuvent aussi en refiler une partie à d’autres institutions financières, sous forme de PCAA. C’est ce qui s’est produit aux États-Unis et ailleurs dans le monde, où l’on a financé des maisons vendues à des prix beaucoup trop élevés, à des acheteurs qui n’avaient manifestement pas les moyens de s’acheter des maisons de ces prix-là. Plus on achète, plus les prix montent; plus les prix montent, plus on achète. Et cela crée une bulle immobilière qui finit par éclater, comme toutes les bulles.
La Caisse avait plongé tête première dans ces produits dérivés (PCAA, marchés à terme, options, fonds de couverture, etc.), et quand la bulle a éclaté, les prix de ces produits se sont mis à dégringoler, plus vite encore que les prix des maisons. Henri-Paul Rousseau et son équipe de direction de la Caisse ont pris tous les moyens pour limiter les dégâts, mais le mal était fait.
Son successeur Michael Sabia et la nouvelle équipe ont adopté une stratégie beaucoup plus prudente et conservatrice, quitte à obtenir des rendements peut-être moins spectaculaires, mais beaucoup plus sécuritaires aussi. C’est là la principale leçon qu’on doit retenir des récents résultats de la Caisse : on peut obtenir d’excellents résultats, tout en faisant preuve de prudence dans la gestion d’un portefeuille.
Comme dit Warren Buffett, avec sa verve habituelle : la première règle en matière de placement, c’est de s’organiser pour ne jamais perdre son argent à long terme; le seconde règle, c’est de ne jamais oublier la première.
andrehains@videotron.ca